10’36, 2021
©WILDWEED Productions
Un film d’un rêve au récit dyschronique.
Un rêve dont je n’ai jamais réussi à tenir ou vouloir un sens, capté une nuit après un réveil avec un dictaphone à portée de ma main.
Le rêve de l’Oora est la quête d’une énigme qui n’a pas pour but d’être révélée. Elle n’a pas de réponse.
Sa quête est sa recherche, son invention.
Le film déroule un fil de visions désarticulant un rêve raconté les yeux ouverts sans en entendre le sens, dans des mots peu ou prou audibles que nous tentons d’entendre et de comprendre.
Le rêve n’a pas le dessein d’être nécessairement élucidé, il peut représenter une énigme qu’il n’est pas à découvrir mais à prendre autrement parmi le flux d’images mentales traversé.
Images liées et lues à l’aune des associations qu’elles génèrent, dans une cosmogonie de signes et d’images qui rencontrent celles du regardeur.
Extraits d’un corpus ayant nourri mes dispositifs, ces enregistrements se révèlent ici pour la première fois dans un film autonome.
L’Oora est le prénom d’un enfant que j’ai rencontré dans ce rêve.
Les derniers mots de l’enregistrement disent “.. c’est un Oora“.
Ces mots ne sont pas entendus dans le film, car ils en sont l’énigme.
J’ai rencontré à nouveau cet enfant 22 ans plus tard dans un autre rêve.
Le film s’est alors imposé, nécessaire.
Loin de vouloir illustrer un flux sonore réunissant des éléments d’un récit de rêve par un flux d’images d’archives personnelles, je cherche à poser dans ce court essai filmique une forme, un document peut-être manifeste, dont la narration ni factuelle, ni fictionnelle, est sous-tendue par l’amorce créée par l’empreinte d’une voix racontant un déjà-souvenir à son instant de jaillissement, produisant et articulant déjà des associations mentales.
Sur la nappe sonore de ce flux, dans le bourdonnement d’un temps ralenti à l’extrême, le passé parle au présent, qui lui répond.
La partie sonore juxtapose et mêle des mots du récit qui se dédoublent parfois pour inventer un étrange écho d’eux-mêmes.
Des images me questionnent. J’essaie de les approcher en plongeant dans leurs textures, en cherchant lentement le temps qui s’abstrait dans les parties ténues des parcelles pixellisées.
Déclencheur de ce qu’elles donnent à voir ensemble, montrant sans démontrer, ces images s’associent en miroir d’elles-mêmes.
Ce film sans fin ne vise évidemment pas un hermétisme frustrant pour celle ou celui en recherche, en attente d’une narration autre.
J’espère la préhension liminale que peut offrir la visite d’une énigme.