La dernière image

Vidéo, 1 canal, sonore, 30′
2014

Le film réunit les dernières secondes, les ultimes instants de séquences tournées pour l’essentiel à la volée avec un petit matériel vidéo argentique, analogique et numérique.
Ces images non désirées exercent fascination et trouble : la dernière image pointe où le présent s’arrête. Et commence à exister là.
Dans le protocole sans cesse répété de sa captation, avec toute l’ambiguïté d’une image d’adieu qui crie le désir de ne pas l’être, elle est un oxymore voué à exorciser la Fin en rejouant ad aeternam le refus de l’adieu inscrit dans sa raison d’être.
La nature par essence in-finie de ce film se nourrit d’un présent capté jour après jour dans la tentative éperdue de l’extraire de son flux.
Montage métronomique des dernières secondes de séquences que j’ai filmées en 25 ans, il se présente ici dans une durée de trente minutes.
L’ordre d’apparition des séquences est alphabétique : il correspond à la dénomination donnée à chaque enregistrement.

Loin d’un recueil narratif, au-delà d’un journal achronologique, ce film est une collecte d’images sanctuarisées pour le temps final qu’elles contiennent : une collection de fantômes qui façonne l’illusion nécessaire d’une persistance du temps capté. Elle veut donner foi à la survie possible d’un présent achevé où le doigt a stoppé l’enregistrement, conférant à des images le pouvoir de différer le passé.