La dernière image – Saint-Etienne

Exposition à L’Assaut de la Menuiserie,
Saint Étienne (France) / avril-mai 2014
Projection du film La dernière image, 2014, et performance de Ordinaire, Dernier portrait (Éric Therer et Stephan Ink)

Je ne choisis pas, je ne désire pas la dernière image.
Elle pointe où le présent s’arrête. Elle est sa fin, elle est la Fin, et commence à exister là.
Ma fascination devant cette image, mon trouble face à ces ultimes images, tient à ces cadres, textures et plastiques aléatoires qu’elles façonnent dans le protocole sans cesse répété de leur captation, avec toute l’ambigüité d’une image d’adieu qui crie le désir de ne pas l’être.
Là où mon doigt a arrêté l’enregistrement, où l’appareil a tangué, là où du blanc a émaillé la surface de l’image, où du noir l’a défaite, un autre temps surgit où vivre et mourir se conjuguent à la fois.
Nées du décrochement, de la bascule, ces images rebelles peuvent alors fabriquer l’illusion d’une persistance et même d’un retour de l’instant capté, diffusant et répétant que la trace d’un présent échappé peut encore différer le passé.
Oxymores voués à exorciser les fins en rejouant ad libitum le refus de l’adieu inscrit dans leur raison d’être, photogrammes, dessins à la cendre, objets à empreintes, films et enregistrements sonores viennent constituer plus qu’un journal ou un recueil de derniers instants, plus qu’une collection de fantômes : ils articulent un dispositif révélant la Fin comme écrivain de l’histoire.

images : Cyrille Cauvet